L’entrepreneuriat culturel a-t-il sa place dans le Startup Act?

 

 

 

L’entrepreneuriat culturel, en plein essor, gagne de plus en plus du terrain dans le paysage économique en Tunisie. Les spécificités du secteur culturel ont-elles été prises en considération dans l’élaboration du Startup Act ? La question a été posée sur la table par les entrepreneurs culturels et fut le sujet du débat, organisé par Culture Funding Watch, l’association chargée d’accompagner les professionnels des secteurs des arts et de la culture dans la région MENA.

Apportant plus d’éclaircissements sur la loi des startups, Slim Abdeljelil, conseiller chargé de mission au cabinet de la présidence du gouvernement, avance: « Le Startup Act met en place un cadre juridique propice au développement des jeunes pousses remplissant un certain nombre de critères, notamment l’innovation dans tous les secteurs d’activité».

Il apparait, cependant, que l’ambiguïté intervient dans l’étiquette «innovation». Les artistes craignent que le concept, étant non défini, soit pour certains limité à l’aspect technologique. À vrai dire, dans la culture, la composante TIC n’a pas la part du lion. En vue de surmonter ce défi, la société civile, les professionnels du secteur et les acteurs de l’Etat doivent procéder, la main dans la main, à des décisions immédiates. Ouafa Belgacem, fondatrice de Culture Funding Watch, décide d’entamer « sa bataille » par une campagne de sensibilisation qui mettrait en valeur les autres formes d’innovation, propres au secteur de la culture. « Parce que l’on constate une méconnaissance sur la manière dont les entreprises culturelles innovent », a-t-elle regretté.

En attendant les décrets d’application, qui sont encore en phase d’élaboration, bien que la loi ait été approuvée depuis le 2 avril 2018, la responsable a suggéré de tirer profit du décalage pour transmettre aux décideurs des recommandations. Autant dire, inclure un représentant, qu’il soit spécialisé ou sensible à l’art dans sa globalité, dans le comité de labellisation.

Slim Abdeljelil, s’est engagé, quant à lui, à mettre en contact les responsables du ministère des TIC et ceux de Culture Funding Watch. Néanmoins, il est souvent dit que «le changement commence par soi». Les professionnels culturels étaient unanimes quant à l’utilité de penser le changement.

Mourad Sakli, ancien ministre de la Culture et entrepreneur culturel s’est autocritiqué en faisant un clin d’œil à l’art numérique. Il croit profondément que l’innovation est un acte de survie dont les racines poussent à tous les niveaux. Selon sa perception, le défi est de rattraper l’évolution digitale, tout en préservant l’art dans toute sa noblesse. En d’autres termes, toute l’attention doit soigneusement être attribuée à la façon dont on transforme les contenants, c’est-à-dire, les canaux et les outils, tout en conservant le contenu de l’œuvre artistique.

Nul doute sur leur volonté d’occuper une place fortifiée dans l’économie tunisienne, les entrepreneurs culturels créatifs plaident et exportent l’option de création d’un vrai réseau qui les représente. L’enrichissement du tissu entrepreneurial est tributaire de l’implication de tous les acteurs de la société.